La longue histoire du guarana
Petit arbre originaire d'Amazonie, le guarana est connu pour ses vertus énergisantes. Si les Européens l'utilisent depuis le 18e siècle, c'est bien avant que les amérindiens l'ont découverte. Son histoire lointaine est aussi riche que ses propriétés.
Aux origines
Le guarana est une plante grimpante qui tire son nom des guarani, le premier peuple amérindien d'Amazonie ayant découvert ses propriétés. Ils la consommaient pour lutter contre la fatigue et réguler l'appétit quand la nourriture venait à manquer. « Il donne tant de force qu'ils peuvent aller à la chasse pendant deux jours consécutifs sans ressentir la faim, outre le fait qu'il soigne les fièvres, les crampes et les maux de tête. » a rapporté sur ce peuple le Père missionnaire Felipe Bettendorf en 1664.
Des propriétés expliquées par sa haute teneur en caféine, deux à trois fois plus élevée que le café lui-même. A la même époque, les amérindiens lui attribue, en plus de ses vertus énergisantes, la guérison des problèmes digestifs. Elle avait également la réputation de prévenir la dysenterie et la malaria et les sud-américains l'utilisent aujourd'hui toujours comme plante médicinale.
De l'Amazonie à l'Europe
C'est au XVIIIe siècle que les Européens la découvrent à l'occasion de la conquête des Amériques. La plante prend alors son nom scientifique « Paullinia cupana » du nom du médecin botaniste allemand F.C Paullini qui l'a découverte puis fait connaitre en Europe.
C'est sous forme de boisson énergisante qu'elle connait alors son heure de gloire chez les Européens mais on la trouve aussi sous différentes formes plus efficace et concentré comme gélules et comprimés ou encore extraits fluides. Ses vertus en tant que stimulant physique et intellectuel en font un complément alimentaire de choix.
Une plante sacrée toujours cultivée
Le guarana est toujours cultivé par les indiens Satéré-Mawé, au Brésil essentiellement. L'Amazonie est la région de production la plus importante aujourd'hui. On y trouve la ville de Maués, surnommée la « terre du Guarana » dont les ethnies Satéré-Mawé et Mundurucus ont été les premières à cultiver la plante. Pour ces peuples, réputés militants, la plante est sacrée et à l'origine de nombreux mythes et légendes.
L'une d'elle raconte qu'une jeune et jolie femme de la tribu Mauès planta l'il de son fils décédée en priant l'esprit des arbres. Une plante aurait ensuite poussée avec des fruits « comme les yeux de son fils » aux grandes vertus.
De la production traditionnelle à la production industrielle
Les Satéré continuent aujourd'hui la production du Guarana. Ils se battent pour faire vivre la cueillette traditionnelle et un mode de production raisonné. La récolte du guarana s'y fait à la main deux ans après avoir été planté.
Le mode de production est ancestral : ses graines torréfiées sont transformées en poudre ou en pâte servant à la préparation d'une boisson stimulante et autres dérives (gélules, comprimés etc.). On trouve ces graines à l'intérieur du fruit du guarana, une baie rouge également connue sous le nom « d'il de la forêt » en raison de la protubérance noire qui coiffe la pulpe blanche du fruit comme une pupille. Mais la production du Guarana n'est plus uniquement faite par les indigènes.
La plante est à la base de plus de 25% des boissons gazeuses vendues au Brésil dont la plus populaire du nom éponyme est commercialisée depuis les années 90 au Portugal, en Suisse et en Allemagne, et depuis 2013 en France. Pour répondre à la demande, les industriels ont introduit de nouveaux modes d'exploitation de la plante grâce à des OGM. L'objectif : la faire pousser plus vite, en plus grande quantité et la rendre davantage résistante. Des dérives dénoncées par les peuples Satéré.