La polémique autours de la récolte du guarana

cueillette guarana

Cultivé depuis des siècles par les Indiens Satéré d'Amazonie, le guarana est une plante sacrée qu'ils souhaitent préserver par une cueillette raisonnable et raisonnée. Malheureusement face à l'engouement mondial pour la plante, les grands groupes industriels se sont lancés il y a plusieurs années dans une production en masse avec des conséquences désastreuses sur l'équilibre naturel et économique de la région. Mais c'était sans compter sur la ténacité des Satéré qui ont décidé de ne pas se laisser faire?

Les multinationales s'emparent du marché

L'histoire remonte aux années 80. Quand la consommation de Guarana commence à connaître un véritable succès. Les multinationales s'intéressent alors à un nouveau marché, celui des boissons à base de guarana. Ils entendent bien en faire un argument de vente auprès des jeunes.

Rapidement ils en font un phénomène de mode et les bénéfices se multiplient. La demande mondiale augmente et les grands groupes veulent augmenter la production : ils n'hésitent pas à créer de nouvelles variétés de guarana, plus résistantes, voire génétiquement transformées.

Cette production en masse fait chuter les prix de vente. Les petits producteurs de la région ne peuvent plus suivre et certains se voient obligés d'arrêter la culture du Guarana et par conséquent perdre leur unique source de revenus. Pour répondre à la demande, des milliers d'hectares de forêt sont défrichés afin de laisser place aux plantations des multinationales. La tribu Satéré est spoliée, mais décide de résister.

La résistance des Satéré s'organise

Inquiet de voir leurs champs contaminés par les OGM voisins et face à l'étendue des hectares de forêt dévastés, la communauté amérindienne s'organise et crée le Conseil Général de la Tribu Satéré Mawé (CGTSM) en 1987.

Objectif : protéger leur territoire et leur culture. Le chef en charge du projet est déterminé à sauver la production traditionnelle du guarana. C'est dans ce contexte que né le projet « Warana » soutenu par Altro-mercato en Italie et Guayapi en France, deux géants du commerce équitable. Des règles sont alors mises en place : seule la variété de guarana qui pousse naturellement dans la forêt sera récoltée en respectant le mode de production traditionnel des Satéré.

Unique contrainte, celle de la qualité. En même temps un autre projet nommé « abeille » voit le jour : des ruches sont installées sur les lieux de production du guarana pour améliorer la fécondation des fleurs de guarana et augmenter ainsi naturellement la production.

Le système marche et la récolte augmente de plus de 40% ! Une aubaine pour les Indiens Satéré qui peuvent alors compter sur les revenus tirés du guarana ainsi que des produits des ruches. Et ce grâce à ses partenaires Altromercato et Guayapi qui se sont engagés à acheter le guarana produit par les Satéré à 6 fois le prix. De quoi rémunérer les producteurs, mais aussi gérer l'association Warana et même mettre en place d'autres projets sociaux dans la région.

Un commerce équitable, responsable et rentable

Les graines de guarana une fois récoltées sont ensuite réduites en extrait par une entreprise engagée de la région puis envoyées en Italie où il rentre dans la composition du soda Guaratino vendu vendu dans plus de 3000 boutiques écoresponsables à travers le monde. C'est toute une chaine de production écologique et durable que les Satéré ont ainsi mise en place en respectant l'environnement et leur culture traditionnelle.

Ils sont aujourd'hui plus de 10 000 membres de 83 communautés différentes membres de l'association Warana à vivre grâce au projet. Plus que la production de guarana c'est une vraie indépendance économique et politique que les Satéré ont gagnée. 20 ans après sa mise en place, le projet est toujours plus que d'actualité. Il a prouvé son efficacité et les pressions se font moins rares.